Comme la plupart des communes de la région parisienne et plus particulièrement celles situées autour de Versailles, Chaville est truffé de carrières datant au moins du XVIIème siècle et exploitée jusqu’à la seconde moitié du XIXème. On en extrayait du gypse pour la fabrication du plâtre, et surtout du calcaire comme pierre à bâtir et pour produire de la chaux (Chaville possède d’ailleurs une impasse des Fours à Chaux).
Les carrières ont plus tard servi de champignonnières, d’espace de stockage pour le vin et le murissement des bananes, et même comme fosses d’aisance.

Un sujet déjà abordé par l’association l’Arche dans ses bulletins n° 4 (page 7) et n° 9 (page 7).

Où se trouvent les carrières ?

Les carrières chavilloises sont situées rive droite, côté Sèvres, sous la sente des Châtres Sacs et au niveau de la Pointe, et rive gauche sous le cimetière.
Un plan global est disponible ici… Il a été reconstitué à partir de plans plus détaillés disponibles sur le site Open data hauts de Seine.

Un patrimoine ?

Ces carrières sont un patrimoine, au sens d’héritage collectif, mais est-ce une richesse ?

C’est discutable si l’on considère qu’elles posent plus de problèmes qu’elles n’offrent d’opportunités.
Il est en effet nécessaire de les surveiller, de les renforcer de temps en temps car le terrain vit, surtout quand l’eau s’en mêle et Chaville possède un riche réseau hydrographique entre ses sources et le ru de Marivel (la trame bleue).
Glissements de terrain et fondis sont des événements redoutés, qui se sont déjà produits par le passé et qui sont pris en compte dans le PPR de Chaville , et ce d’autant plus que le coteau rive droite a été (exagérément ?) creusé dans des zones de carrières pour construire des immeubles le long de la RD910 (promenez-vous sente Châtres Sacs si vous n’êtes pas sujet au vertige).

À ce titre les carrières peuvent être considérées comme la trace d’une activité humaine peu soucieuse de développement durable, même si certaines d’entre-elles ont été comblées.

Mais sont-elles aussi une richesse ?


Peut-on les utiliser et pour en faire quoi ?
  • Peut-on envisager de relancer les champignonnières, une forme d’agriculture urbaine ?
    Si oui, l’objectif est-il d’aménager un espace pour en confier l’exploitation à une entreprise, à des agriculteurs ou des associations ?
  • Les carrières peuvent-elles être exploitées comme espace de stockage : comme chai pour le vin (celui de Chaville) ou à d’autres fins comme toute cave qui se respecte ? Sachant que c’est un milieu humide (ce qui pose plutôt problème) et frais (ce qui peut être un avantage) ?
  • La fraîcheur des lieux peut-elle être mise à profit pour installer des pompes à chaleur et limiter le recours à la climatisation l’été ?
    Mais le réchauffement des carrières modifiera le milieu : cela augmente-t-il les risques structurels (fondis…) ? Cela peut-il nuire à une biodiversité dont nous ignorons tout ?
  • Est-ce un patrimoine touristique qui pourrait attirer une partie des millions de visiteurs qui transitent entre Paris à Versailles ?
  • Et une future salle des fêtes souterraine aurait de l’allure (même s’il semble que Meudon, Sèvres et Issy-les-Moulineaux disposent de carrières plus vastes et en meilleur état que les nôtres).
Mais est-ce réaliste ?

Utiliser nos carrières n’est pas si simple. Se posent des problèmes de sécurité car c’est un milieu plutôt hostile : risques de chute de pierres, de chute de personnes, risque de s’y perdre surtout si l’éclairage fait défaut, risques sanitaire liés à des séjours courts (la Covid y résiste-t-elle mieux, allergies ?) et à des séjours longs (silicose, rhumatismes).

Autrement dit leur aménagement est une opération complexe, donc certainement coûteuse.

La première étape doit de toute façon être une prise de connaissance, avant même d’en envisager un quelconque usage :

  • Dans quel état se trouvent-elles ? Certaines carrières sont-elles plus accessibles que d’autres ? En meilleur état ? Adaptées à un usage particulier ? Recèlent-elles des curiosités ? Est-ce un milieu qu’il faut préserver ? Se sont-elles transformées en ruisseaux ou en oueds souterrains ?
  • Nous ne sommes pas les premiers à nous poser la question, donc inutile de réinventer la roue. Il faudrait recueillir des informations et des conseils auprès de personnes, d’associations ou d’institutions qui se sont déjà frotté à ce problème.
    A titre d’exemple vous pouvez consulter un document de l’UNICEF… orienté écologie et biodiversité et un magnifique cahier… publié par AR SITE sur des carrières meudonnaises.

Si un projet paraît intéressant nous ne devons, nous ne pourrons pas le mener seuls :

  • Nous aurons besoin de l’accompagnement de professionnels (peut-être l’Inspection Générale des Carrières ?). Pour des raisons techniques, mais peut-être aussi pour prendre connaissance des contraintes, voire de normes.
  • Nous aurons besoin d’un support méthodologique car le projet est multiforme : consolidation, aménagement, gestion des accès (certains sont privés), respect de règles, former ou sensibiliser les personnes qui interviendront sur le site…
  • Qui dit projet dit budget. Quels peuvent être les sponsors ? Existe-t-il des subventions pour ce type d’activité ?
    Ce budget doit-il être amorti ou s’agit-il d’une opération à fonds perdus dont l’objectif est l’image de la ville. Son attractivité si les carrières peuvent se visiter, son exemplarité (éviter de construire neuf quand l’existant peut être utilisé), occuper les carrières pour mieux les surveiller…

En conclusion

Le but de cet article n’est pas d’apporter des réponses puisqu’au contraire il pose de nombreuses questions. Plus modestement, il s’agit d’un premier défrichage sur un sujet qui a été évoqué au sein de l’association Chaville Écologistes.

Nous entendons certains se demander quel est le rapport avec l’écologie ?
D’une part l’écologie ne se cantonne pas au bio et la permaculture puisque qu’elle vise un équilibre durable entre l‘homme et son milieu, qu’elle cherche à renforcer nos liens avec notre (sous-)sol. D’autre part vous noterez qu’il est question d’agriculture urbaine et de recyclage de structure existante.
Et peut-être est-ce un moyen de sensibiliser les Chavillois sur la richesse et la fragilité de leur territoire et de leur patrimoine ?

Et pour finir quelle suite donner à cet article ? Et si tout commençait par une simple visite de nos carrières ?

 

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