Les forêts franciliennes, dont celles de Meudon et de Fausses-Reposes, représentent le poumon vert de 20% de la population française.  Elles sont menacées, comme la plupart des forêts urbaines.

À l’heure du changement climatique que nous commençons à subir, il est crucial de les préserver et de les protéger, non seulement pour « l’échappée » qu’elles permettent aux citadins en termes de santé et de bien-être physique et mental, mais aussi pour conserver leur contribution au maintien de la biodiversité, à la collecte des eaux de pluie, et leur rôle de puits de carbone déjà mis à mal par une mortalité anormale.                                                                                                                   

Le grand public a une vision naïve de l’exploitation des forêts du domaine public, imaginant que sa gestion par l’ONF est respectueuse et que les coupes forestières sont destinées à maintenir l’équilibre d’une « belle forêt ».

Il n’en est rien et c’est pourquoi l’Association Chaville Écologistes dénonce une dérive industrielle
de la gestion des forêts domaniales de Meudon et de Fausses-Reposes par l’ONF[1],
telle qu’elle est prévue et commence à se déployer.


Les activités de l’ONF outrepassent les plans d’aménagement en vigueur

 

 

L’activité de l’ONF (Agence Territoriale Ile-de-France Ouest) en forêt de Meudon[2] est administrativement encadrée par un document d’État (Aménagement de la forêt domaniale de Meudon) qui couvre la période 2001 à 2020. Le prochain plan (2021-2040) est en cours d’élaboration, et n’est pas disponible, même s’il a déjà fait l’objet de présentations auprès d’élus ou de quelques instances de citoyens).

Ainsi le plan d’aménagement actuel de la forêt de Meudon fixe des « objectifs prioritaires » :

  • L’accueil du public
  • La conservation des milieux et de leurs richesses biologiques ou historiques
  • La protection des paysages

Les travaux sylvicoles (coupes, interventions de régénération ou sanitaires…) décrits dans ce document sont clairement assujettis à ces objectifs prioritaires.

Or l’ONF a communiqué en envoyant des « infos coupes » en février 2023, très agressives pour la forêt, qui annoncent la création de chemins d’exploitation de 4 mètres de large tous les 24 mètres (17 % de la surface). Les parcelles concernées sont 67u et 68u situées sur la commune de Chaville, et les parcelles 85a, 90u et 91a situées sur la commune de Vélizy [3].
Ces perspectives de coupes dépassent largement le plan d’aménagement actuellement en vigueur (2001 – 2020).


Il est donc tout à fait anormal que l’ONF puisse appliquer une nouvelle politique de coupes sans plan d’aménagement.


Des coupes de l’ONF sans information préalable

 

 

Début 2023, la parcelle 106b de la forêt de Fausses-Reposes a fait l’objet de coupes, sans information préalable, pour la percée de chemins d’exploitation, donc un déboisement définitif de 4 mètres de large tous les 24 mètres. Et ceci pour mieux « exploiter » les 83% d’arbres restants.

Habituellement l’ONF prévient les principaux acteurs communaux et associatifs, par l’envoi de documents nommés « Info coupe ». Dans ce cas l’ONF non seulement ne l’a pas fait, mais n’a communiqué par aucun autre moyen ni répondu aux demandes qui lui ont été adressées depuis ces coupes.

Que viennent faire ces coupes non annoncées dans la forêt de Fausses-Reposes et non prévues dans le plan d’aménagement 2005-2024 encore en vigueur ?


Pour ces raisons, nous demandons un moratoire afin de faire cesser toutes coupes pour création de chemins d’exploitation sur les forêts de Meudon et de Fausses-Reposes, tant que la lumière ne sera pas faite sur ces irrégularités.


Protection des oiseaux et application de la réglementation

 

 

La réglementation européenne, traduite dans le droit français, prévoit l’interdiction de tailler les haies et les arbres, ainsi que la coupe des arbres, pendant la période de reproduction et de nidification des oiseaux, du 1er avril au 31 juillet (message d’ailleurs relayé par l’ONF).


Cette réglementation est une recommandation pour les particuliers, et une obligation pour les professionnels. L’association ACÉ sera vigilante quant à son application par l’ONF.


La communication de l’ONF est trop souvent opaque, voire mensongère

 

 

La nouvelle doctrine de l’ONF semble être de favoriser l’ouverture de chemins d’exploitation, dans la perspective de maximiser le rendement économique, menaçant ainsi la nature de nos forêts par une exploitation massive et industrialisée.

L’ONF nous dit que :

  • L’exploitation forestière doit être respectueuse des sols, de sa sensibilité au tassement en conditions d’humidité défavorables. Ce n’est pas respecté par les chemins d’exploitation destinés aux engins forestiers de fort tonnage qui vont régulièrement tasser le sol.
  • La notion du paysage est essentielle et le débardage animal préconisé en cas de besoin (cf. plan de gestion). Nous n’avons jamais constaté de débardage animal dans nos forêts !?
  • Les plans de gestion seront respectés. Cet article montre bien que c’est faux !
  • Le bois prélevé sera valorisé en bois d’œuvre, bois d’industrie et bois énergie. C’est vrai, mais cette valorisation commerciale n’est plus pertinente à l’heure du changement climatique et alors que pèsent des menaces sur la biodiversité. La valorisation des forêts urbaines doit prendre en compte leur capacité à stocker du carbone, leur rôle en termes de biodiversité, de rétention d’eau et leur impact sur la santé et le bien-être des citadins. Elle ne peut s’exprimer en euros et demande une exploitation raisonnée qui se limite aux coupes de sécurité pour le public.
  • Les volumes de bois prélevés sont compatibles avec l’accroissement naturel de la forêt. D’une part les prélèvements du plan précédent ont été supérieurs aux prévisions depuis 2003 et l’objectif futur de l’ONF est d’exploiter plus que l’accroissement naturel. Cette augmentation des prélèvements semblerait donc s’inscrire dans la durée. Nous employons ici le conditionnel car la communication de l’ONF n’est pas cohérente sur ce point et ne tient nul compte de l’affaiblissement général des forêts dont l’accroissement naturel diminue depuis au moins une dizaine d’années, sous l’effet du réchauffement climatique et des maladies induites.


Conclusion

 

 

La forêt subit le bouleversement du climat et les coupes pratiquées et prévues l’éclaircissent, rendant son sol plus sensible aux assauts du soleil et des vents, la fragilisant encore davantage.

Nous sommes persuadés qu’agir pour notre forêt et la forêt en général est vital.

C’est la raison pour laquelle nous avons participé à l’émission d’une pétition contre la surexploitation de la forêt de Meudon qui a déjà recueilli environ 40.000 signatures (et que vous pouvez signer sur https://chng.it/jFdL8ZhzY2 et relayer).

C’est la raison pour laquelle nous allons poursuivre nos actions avec d’autres associations locales pour :

  • Pousser l’ONF à agir dans un cadre légal et faire preuve d’une réelle transparence, au-delà de sa « communication de convenance »
  • Demander un moratoire immédiat sur les coupes de chemins d’exploitation et redéfinir avec l’ONF les plans de prélèvement dans une perspective d’exploitation durable de nos forêts urbaines pour éviter leur surexploitation industrielle.

Sans oublier qu’au-delà de l’ONF qui n’est pas la seule responsable et qui se débat avec de lourds problèmes budgétaires, des changements législatifs doivent être envisagés pour que les forêts urbaines bénéficient d’un statut particulier[4], pour soulager l’ONF financièrement (afin qu’elle puisse assurer son équilibre financier sans s’appuyer très majoritairement sur la commercialisation du bois qu’elle coupe) et le décharger de certaines responsabilités[5]

 

N’hésitez pas nous soutenir en relayant nos communications ou à nous contacter sur
https://asso-chaville-ecologistes.fr/interagir/contact/

La forêt n’a pas besoin de l’homme pour être en bonne santé, c’est l’homme qui a besoin d’elle…
et demain prend racine aujourd’hui

 

 


[1] ONF : Office National des Forêts

[2] La forêt de Meudon est la forêt domaniale la plus proche de Paris. Elle a une surface d’environ 1100 ha.
     La forêt de Fausses-Reposes est une forêt domaniale de 616 ha.
     Toutes deux sont gérées par l’ONF.

[3] En forêt domaniale de Meudon, les parcelles 78a, 79 (2022) et 73a, 78a, 88, 89 (2021) ont déjà été balisées en vue de l’ouverture de chemins d’exploitation.

[4] L’actuel statut de protection dont bénéficie la forêt de Fausses-Reposes (et non celle de Meudon) n’a pratiquement aucun impact concret (et très peu légalement) sur les sujets traités dans cet article.

[5] Notamment en matière de sécurité vis-à-vis des usagers et des professionnels de la forêt.


 

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