A Chaville, des espaces non utilisés pourraient faire l’objet de projets éphémères.

L’Urbanisme transitoire, c’est l’utilisation des locaux laissés temporairement vacants par des projets éphémères, en attendant la mise en place d’un projet d’aménagement pérenne (reconstruction, réhabilitation). La durée de cette utilisation « transitoire » est généralement de l’ordre de 6 mois à 3 ans. Ce concept, qui permet aux citoyens et aux associations de trouver un espace de moindre contrainte pour y tester et développer leurs idées et initiatives, s’est fait connaître à partir de quelques réalisations emblématiques (comme les grands voisins [1] à Paris par exemple). C’est un modèle qui se diffuse de plus en plus, y compris sur des projets de taille plus modeste, ce qui permet maintenant d’en envisager le déploiement à Chaville. Un savoir-faire spécifique s’est développé au fil de ces expériences dans la mise en place de ces projets, alors que le phénomène prend de l’ampleur. La région Ile-de France a déjà soutenu 74 projets d’urbanisme transitoire en 2020 (à Versailles, St Germain en Laye, Bagneux…). Les lieux ciblés sont d’une grande diversité : ancien hôpital, locaux industriels en reconversion, mais aussi ancien commerce, maison individuelle ou immeuble collectifs, terrain vague…


Pour quoi faire ? Le concept permet de rendre possible des activités qui ne pourraient pas être hébergées dans la ville au prix du marché traditionnel. Les activités qui s’y déploient sont très variées car issues du foisonnement d’idées des citoyens.  On trouve des projets axés sur la convivialité (bars, buvettes, restaurants, espace et terrain de jeux …), d’autres sont plus tournés vers l’échange, la solidarité et l’enrichissement interpersonnel (atelier de réinsertion -par la confection de vêtement par exemple-, formation et activités pédagogiques, cuisine collaborative, …). D’autres encore sont plus orientés vers le sport (skate-park, terrain de basket…) ou vers la création artistique : spectacles, concerts, lieu de répétition, ateliers créatifs et résidence, exposition (street art notamment) …  On trouve aussi des projets portant sur le plaisir de faire ensemble des activités qui améliorent notre environnement : exploitation de ruches et récolte de miel, vendange et vinification, pépinière collaborative (lieu d’échange et de croissance de plants…).

Le développement d’activité professionnelle ou commerciale, notamment dans les zones moins actives, est aussi souvent favorisée par ce type d’initiative, en mettant à disposition temporaire de start-up ou d’artisans un pas de porte à prix très modique ou en développant des espaces de co-working.

Enfin, l’aménagement temporaire de bâtiments ou de terrains inoccupés représente parfois une solution supplémentaire à l’hébergement d’urgence. A Paris, par exemple, une ancienne halle SNCF, un immeuble en attente de projet architectural ou l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul (« les Grands Voisins ») ont pu offrir temporairement des places d’hébergement. Dans le 16ème arrondissement, c’est une chaussée classée en zone urbaine verte, ou à Neuilly un parking, qui ont été aménagés avec des bâtiments modulaires démontables ). Ces lieux réaménagés et animés par des associations spécialisées dans l’hébergement d’urgence comme l’association AURORE nécessitent néanmoins – probablement – une taille suffisante pour équilibrer les coûts de transformation et d’accompagnement des personnes sur le site.


Les bénéfices pour la collectivité publique sont nombreux : renforcement du lien social et création d’espace de convivialité, développement économique et revitalisation commerciale en libérant les initiatives, renforcement de la solidarité envers les personnes démunies…  L’urbanisme transitoire ouvre en outre la possibilité de faire émerger des initiatives citoyennes inattendues, qu’aucune institution ne saurait anticiper. C’est donc un espace de liberté, de respiration, qui permet aux citoyens de tester, à moindre frais, un concept d’activité. C’est aussi grâce à ce type de démarche que la ville gagne en attractivité.

Pour les propriétaires, l’urbanisme transitoire apporte une façon efficace de gérer les périodes de latence avant la mise en œuvre de leur projet, dans un cadre contrôlé qui évite tout risque de squat ou de dégradation.

Enfin pour toutes les parties prenantes, c’est une façon de mieux intégrer le projet dans le tissu social, de mieux prendre en compte les besoins de la ville et de ses habitants. Combien d’espaces commerciaux de rez-de-chaussée se trouvent inutilisés, laissant l’impression d’un abandon en plein cœur de nos quartiers ? L’urbanisme transitoire peut ainsi être utilisé pour faire émerger et tester des concepts qui, pour certains, pourront être pérennisés dans le projet définitif, sous l’impulsion et l’encadrement de la Mairie.


Comment ça marche ? Le rôle de la Mairie dans la coordination de ce type de projet est primordial, et son engagement est un préalable indispensable. D’ailleurs le projet de SCoT [2] favorise cette pratique dans sa prescription :
P50 : Permettre les usages temporaires (économiques, culturels, de loisirs, etc.) dans les lieux publics et dans les sites en mutation et les bâtiments vides, qu’ils soient destinés à la démolition ou à la reconversion.

Il convient d’abord d’identifier les lieux potentiellement candidats à une telle opération. Un audit technique permet de qualifier le lieu (contrainte d’utilisation, coût d’usage…). A Chaville, plusieurs lieux semblent bien se prêter à une première expérimentation : un local industriel, deux pavillons de particuliers, un terrain vague. Ces propriétés ont la particularité de se situer au cœur de la ville et d’être non utilisées jusqu’à concrétisation d’opérations immobilières. 

Le projet d’utilisation du lieu doit faire l’objet d’un appel à projet le plus large possible, en toute transparence pour légitimer les choix. L’appel à projets est une forme de démocratie participative, clef d’une bonne intégration locale du projet. L’implication des associations, notamment sur les projets les plus ambitieux, est d’ailleurs très souhaitable car elles permettent de crédibiliser le projet en apportant une structure, une « capacité à faire ».

Le choix des projets devra être réalisé sous le pilotage de la Mairie qui assurera équité et transparence des choix. Outre le nécessaire encadrement du processus, la charge financière pour la collectivité (Mairie) est généralement très faible et se résume à quelques besoins d’investissements marginaux. Les besoins de fonctionnement sont essentiellement portés par les promoteurs de projet.


L’impact environnemental d’une telle démarche, qui permet de prolonger l’utilisation d’une construction existante, est a priori bénéfique, tant que les travaux de remise en état temporaire ne sont pas trop lourds.

Nous encourageons donc vivement la mairie de Chaville à se saisir des opportunités pour développer des projets d’urbanisme temporaire dans la ville, en se basant sur les expériences réussies de communes similaires. Dans notre esprit, il convient, une fois les lieux potentiels identifiés et qualifiés, de donner un cadre aux types de projets souhaité, de réaliser un appel d’offre et de laisser s’exprimer les capacités d’initiatives et de créativité des citoyens et associations qui voudront s’emparer de ces lieux pour les faire vivre le temps d’un projet.

Notre association se tient à disposition pour aider à structurer cette démarche et mettre en œuvre une première expérience d’urbanisme temporaire à Chaville autour d’un projet éphémère associant écologie et lien social.

Communication Asso-Chaville-Ecologistes


[1] Dans le 14e, le projet des Grands Voisins a investi le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, tombé en désuétude en 2010. En attendant sa reconversion le site est devenue un lieu d’échange exceptionnel où se mêlent bar, cantine solidaire, associations, ateliers, start-up et hébergements d’urgence. (retour au texte)


[2] Le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) est l’outil de conception et de mise en œuvre d’une planification stratégique intercommunale, à l’échelle d’un large bassin de vie ou d’une aire urbaine, dans le cadre d’un projet d’aménagement et de développement durables (PADD). (retour au texte)

 

Partager sur vos réseaux