Grand Paris Seine Ouest (GPSO) s’est lancé dans l’élaboration de son Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi : Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) | Grand Paris Seine Ouest) qui doit être mis en application fin 2024. Ce PLUi va façonner le territoire des 8 communes de GPSO, dont Chaville, et ce, pour les 15 ans à venir.

L’Association Chaville Écologistes s’est naturellement penché sur ce sujet et un groupe de travail, auquel participent également plusieurs membres de l’association Chaville Environnement, s’est constitué depuis quelques mois.
Il nous a semblé important d’informer et sensibiliser les citoyens qui doivent être associés à l’élaboration de ce PLUi, raison pour laquelle nous avons organisé un café-débat (ou plus exactement un atelier-apéritif) le 14 mai autour de ce thème.

La soirée qui a réuni une bonne trentaine de personnes a été animée autour d’un jeu : la « Fresque de la ville » (La Fresque de la Ville). Une façon ludique d’identifier les enjeux urbains, leurs interactions et de proposer des pistes de progrès, voire des solutions aux problèmes soulevés.

Les participants ont été divisés en 4 groupes, chacun axé sur un thème concret : L’eau, la réduction des GES (Gaz à Effet de Serre), biodiversité – résilience et sécurité alimentaire et pour finir flux et mobilités.
L’idée était de cibler la réflexion de chaque groupe afin de faciliter l’émergence collective d’idées concrètes.

La suite de ce texte rend compte des réflexions et conclusions de chaque groupe. Nous vous invitons à les parcourir car chacun a fourni un éclairage pertinent sur le sujet traité et a proposé des pistes d’actions auxquelles nous n’aurions sans doute pas pensé spontanément !


Groupe « Eau »

Les thèmes et recommandations ci-dessous pour le PLUi de GPSO, s’inscrivent dans le cadre de l’accélération des dérèglements climatiques (sécheresses prolongées et excès d’évènements pluvieux et inondations de plus en plus fréquents).

Désimperméabilisation des sols

Les eaux pluviales qui s’infiltrent dans le sol doivent permettre de recharger les nappes phréatiques. Ce cycle de l’eau doit être accéléré par l’absorption de l’eau dans le sol en réduisant le ruissellement.

Recommandations :

  • Imposer 30 % de pleine terre pour toute nouvelle construction (cf. SCOT de la MGP)
  • Interdiction de nouvelles constructions dans les zones inondables
  • Favoriser l’usage de matériaux poreux pour la perméabilité des sols ou pour végétaliser (parkings, places etc…)
  • Supprimer le béton et autres dalles dans les espaces libres au profit de terre végétale pour des arbres/arbustes/haies
  • Prévoir un règlement pour les terrasses

Préservation et création de zones humides

La présence de l’eau visible en ville couplée à plus de végétation est un facteur favorisant la présence du vivant (faune et flore sauvages) et qui permet de lutter contre l’effondrement de la biodiversité. L’eau visible améliore la résilience des habitants face aux canicules, le paysage urbain et le bien-être des habitants et usagers de la ville.

Recommandations :

  • Favoriser la création de mares en zone dense avec une végétation associée
  • Création de noues le long des voiries et dans les zones d’immeubles collectifs
  • Faire émerger les rivières (exemple le ru de Marivel) enterrées
  • Protéger les berges de la Seine de l’usage du béton et les renaturer

Pollution des sols et de l’eau – Qualité de l’eau

L’usage de pesticides et d’engrais chimiques dans les espaces publics est en principe banni dans GPSO mais persiste largement dans les zones agricoles, les voies SNCF et dans les espaces privés.  Ces produits se retrouvent dans les eaux superficielles (pesticides et nitrates) et dans les masses d’eau souterraines de tout le bassin versant de la Seine (voir le diagnostic et la feuille de route du  SDAGE Seine Normandie). La déconstruction de bâtiments, la construction de réseaux souterrains (Grand Paris express) génèrent des déchets en quantité colossale ; ceux-ci dégradent les sols où ils sont entreposés et dégradent la qualité des sols et leur biodiversité.

Recommandations :

  • Usage de plantes phytofiltrantes dans les noues et autres zones végétalisées près de zones humides
  • Prévoir une réglementation supplémentaire à la loi Labbé pour l’usage des pesticides
  • Revoir les usages de l’agriculture urbaine
  • Interdire le comblement des carrières par des déchets du bâtiment
  • Réglementer le rejet des déchets du bâtiment (solides et liquides) dans la Seine et le réseau d’assainissement

Économies d’eau

Les périodes de sècheresse prolongées imposent des opérations de prévention pour réduire les fuites d’eau dans le réseau d’alimentation en eau potable et dans le réseau assainissement. La réduction de l’usage de l’eau touche les matériaux de construction. L’usage des eaux souterraines pour éviter l’usage de l’eau potable est à considérer pour des usages hors consommation humaine.

Recommandations :

  • Renforcer la réglementation sur la récupération des eaux pluviales à la parcelle
  • Favoriser l’usage des matériaux bio-sourcés (bois, chanvre, paille etc..)
  • Favoriser la réhabilitation des bâtiments quel que soit leur usage
  • Récupérer les eaux souterraines pour les usages hors consommation humaine
  • Interdire les piscines privées

Transport fluvial personnes et fret

La Seine est sous-employée pour le transport des personnes et des marchandises.

Groupe « Réduction des GES »

Préconisations :

  • Aménagement de la ville
    Transports en commun plus fréquents et « propres » (non polluant : CO2 et bruit)
    Ville du 1/4h pour limiter l’usage de la voiture
    Favoriser l’usage du vélo (développement des pistes cyclables…)
    Arbres et végétalisation
    Faire ressortir l’eau
    Prévoir des sols non perméables et végétalisés
  • Entretien de la ville
    Eviter les souffleurs
    Règles de gestion des déchets
  • Social
    Favoriser la mixité
    Prix de l’immobilier accessible
  • Commerces
    Favoriser les commerces locaux
    Co-working pour favoriser le télétravail
  • Construction immeuble
    Énergie positive (isolation)
    Toits végétalisés
    Chauffage non polluant, pas de climatisation
    Réhabiliter, réparer, plutôt que détruire et reconstruire

Groupe « Biodiversité – résilience et sécurité alimentaire »

Préconisations :

  • Obligation de prendre en compte la flexibilité des bâtiments et infrastructures lors de leur construction ou réhabilitation.
    Par exemple un habitat peut devenir une espace de travail, de stockage ou un commerce.
    Une route peut accueillir des flux différents pendant sa période de vie.
    Un passage de fluides/services peut en accueillir d’autres…
  • La découpe territoire (GPSO) ou ville ne semble plus adaptée. Ne faut-il pas découper le territoire en nouvelles zones (avec par exemple un critère de type « pouvoir se déplacer d’un point à un autre de cette zone en vélo ou transports en commun en moins de 15 ou 30 minutes ? »)
    Faut-il spécialiser les zones ou les rendre homogènes de façon à pouvoir appliquer les nouvelles règles à toutes ces zones (% de pleine terre, mixité sociale, présences de commerces, services, bureaux…) ?
  • Traitement des arbres :
    • Instaurer un droit de l’arbre (toute intervention qui nuit à un arbre est réfléchi et soumise à des règles)
    • Lors de la plantation d’arbres imposer des règles : mixité des espèces, espèces endémiques, espèces résistantes au futur changement climatique…
    • Végétalisation des toits et des façades (avec des solutions simples, type plantes grimpantes)
  • Ramener l’eau en surface

Groupe « Flux et mobilités »

I/ Constat

Le phénomène majeur générant des flux (et donc des GES) est l’organisation de l’espace urbain et son étalement. On ne peut absolument pas dissocier « flux » de « organisation de l’espace ».

Nous avons distingué 3 causes majeures de l’organisation de l’espace qui génèrent des flux :

  • La séparation géographique des usages du foncier (logement / travail / cultures agricoles / zones de traitement des déchets)
  • La ségrégation sociale (le logement dans les Hauts-de-Seine est inaccessible aux foyers aux revenus modestes)
  • La construction de nos modes de vie autour de la société de consommation (grands centres commerciaux, plateformes logistiques, zones de loisirs…)

Nous avons relevé quelques paradigmes ou questions :

  1. « Qui de la poule et de l’œuf… » : éloigner les zones les unes des autres demande augmentation et amélioration du réseau de transports, mais une amélioration du réseau de transports génère encore plus de l’éloignement !
  2. La résilience alimentaire demande à la fois :
  • Un rapprochement des sources de ravitaillement pour éviter la dépendance à des zones géographiques trop éloignées et une pénurie en cas de défaillance des systèmes de transport, de situation géo politique dégradée etc.
  • Un approvisionnement (en « backup ») depuis des zones éloignées au cas où notre propre zone de ressources locales subisse une pénurie (sécheresse, inondation, maladie…)
  1. Optimisation des flux et de l’espace pour l’approvisionnement des foyers. Vaut-il mieux :
  • Que chaque foyer aille faire ses courses individuellement dans des petites structures (elles-mêmes approvisionnées par camion) avec ses contenants réutilisables et sa voiture
  • Un système généralisé de livraisons à domicile, générant des déchets (cartons), demandant des zones de foncier pour la logistique, et ne permettant pas toujours une optimisation des trajets (sachant que plus le client demande une livraison rapide, moins il sera possible d’optimiser le système au regard des GES)

II/ Pistes de solutions proposées

a/ Applicables à l’échelle de GPSO :

  • Rompre la séparation des usages (logement / travail en particulier, mais aussi zones de ressources alimentaires et déchets)
  • Lutter contre la ségrégation sociale
  • Mettre fin à l’étalement urbain

Plus concrètement sur le terrain pour un PLUi :

  • Réinvestir les friches
  • Réinvestir des habitats en déshérence
  • Habitat urbain luttant contre les ilots de chaleur avec des toitures végétalisées, des « respirations » architecturales, au lieu de continuités minérales (cette technique d’habitat évitera une partie de la « fuite » vers la campagne fraiche et verdoyante)
  • Étudier la question de la logistique de territoire (résoudre le paradigme 3 ci-dessus)

b/ Applicables à une échelle plus large (région, nation) :

  • Revitaliser les villes moyennes

Et ensuite

C’était l’un des enjeux de ce café-débat, fournir aux élus les conclusions des différents groupes de travail, ce qui a été fait puisque cet article a été communiqué au Groupe municipal « Chaville Écologistes ».

Par ailleurs nous devrions bientôt publier un article de vulgarisation sur le PLUi et son élaboration.

Abonnez-vous à notre Facebook (https://www.facebook.com/Association-Chaville-%C3%89cologistes-100570288183009/) ou surveillez notre site (https://asso-chaville-ecologistes.fr/).
Si le sujet vous intéresse vous pouvez également rejoindre le groupe de travail existant en nous écrivant à assochavilleecologistes@gmail.com.

Sachez également que GPSO organise des balades urbaines (PLUi : des balades pour partir à la découverte du territoire | Grand Paris Seine Ouest) pour « partir à la découverte du territoire » dans le cadre de l’élaboration de son PLUi.

 


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