La gestion des forêts est en pleine évolution après l’adoption des plans nationaux et régionaux de la forêt et du bois de 2019. Nous nous sommes inquiétés à l’époque des objectifs affichés d’intensification des prélèvements de bois en forêts d’Île-de-France. Il nous avait été répondu que cette intensification ne s’appliquerait pas aux forêts publiques. Cependant, le nouveau plan d’aménagement de la forêt de Meudon présenté en décembre 2021, prévoit de plus que doubler les coupes de bois entre 2021 et 2040 par rapport à celles du plan précédent (2004-2020). La moitié du bois prélevé est destinée au chauffage.

Conséquences pour la santé : Le chauffage urbain est responsable d’environ la moitié de la pollution aux particules fines en IdF, le reste provenant surtout des transports. Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France rapporte dans une étude très détaillée de 2015 que « le chauffage au bois est responsable de 85% des émissions de PM10 primaires, de 86% des émissions de PM2,5 primaires, du secteur résidentiel alors que ce combustible ne compte que pour 5% des besoins d’énergie de ce secteur ». Les pics répétés de pollution atmosphérique ne sont pas anodins car ils causent environ 40 000 morts prématurées par an en France.

Source : Schéma Régional Biomasse, Programme Régional Forêt-Bois, ROSE, Ipsos/Préfecture d’Île-de-
France. Enquête sur le chauffage au bois. Octobre 2020.

Conséquences sur le climat : Le dernier rapport du GIEC recommande d’augmenter de 25% la séquestration de CO2 des forêts. Comme le bois est considéré comme énergie renouvelable, au même titre que l’éolien et le solaire, les chaufferies collectives et industrielles sont subventionnées par l’état. Le terme renouvelable laisse penser que prélever du bois est neutre car la forêt repousse. Mais brûler du bois transfère instantanément dans l’atmosphère le carbone qui y était séquestré. De plus, les racines et les petites branches laissées en forêt émettent aussi du CO2 en se décomposant. Tous comptes faits, pour une même énergie de chauffage, brûler du gaz en laissant le bois vivant émet trois fois moins de CO2 ! Pour réduire les émissions dues au chauffage urbain la géothermie et les pompes à chaleur sont préférables au gaz, mais pas le bois que ce soit sous forme de bûches, plaquettes ou granulés.

Conséquences sur la biodiversité : Ces six dernières années, Chaville Environnement a fait l’inventaire des forêts de Fausses-Reposes et de Meudon avec l’Indice de Biodiversité Potentielle (IBP). Pour un bon potentiel d’accueil de la biodiversité forestière, il faut de gros arbres porteurs de microhabitats et générateurs de gros bois mort. Le nouveau plan d’aménagement de la forêt de Meudon, qui prévoit de rajeunir et éclaircir les peuplements, ne va pas dans ce sens ; il privilégie la régénérescence des chênes en leur donnant davantage de lumière. Ceci ne peut que faire régresser la biodiversité forestière.

Conclusion : Devant l’ensemble de ces impacts négatifs sur la santé des franciliens, sur le climat et la biodiversité, Chaville Environnement, Ursine Nature, Environnement Fausses Reposes, Dagoverana (Ville d’Avray) et l’association Chaville Écologistes s’opposent à la réduction prévue du stock de bois vivant de nos forêts.
Nous avons demandé à l’ONF de surseoir pendant cinq ans à toute augmentation des coupes de bois.

Cet article est une version plus accessible de l’article
« Les forêts sont-elles une source d’énergie bonne pour le climat et la santé ? »
que vous pourrez consulter si vous souhaitez en savoir plus et connaître nos sources.

Jean-Claude Denard ; Associations Chaville écologistes et Chaville Environnement

 


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