Il ne s’agit pas ici de dresser un panorama de la situation en matière d’impact environnemental du numérique puisque de nombreux acteurs compétents l’ont déjà fait[1].
Mais cela ne peut pas faire de mal de rappeler quelques notions de base et quelques chiffres[2].

Tout d’abord qu’entend-on par « impact environnemental du numérique » ?

 

Il s’agit de l’impact global, donc l’énergie et les matières premières pour les faire fonctionner et fabriquer les équipements (pensez aux terres rares).

Lançons une simple recherche sur Google. Pour cela il faut un équipement individuel (PC, smartphones…), des serveurs (les fameux data centers), de quoi transporter l’information (des fibres, câbles – éventuellement sous-marins -, voire des satellites et tout le matériel associé (répéteurs, routeurs…)[3].

Il faut fabriquer tout ce petit monde et bien entendu l’alimenter en énergie. Il est communément admis[4] que 10 à 15 % de l’électricité mondiale y est consacrée ou, autre façon de voir, que cela représente 2 à 3 % de toute l’énergie consommée par l’humanité. Pour rendre ce chiffre un peu concret, c’est en gros la consommation énergétique totale de la France.

Autre point, environ 4 % des GES[5] émis par l’humanité ont pour origine le numérique, soit autant que le secteur aérien. Cet impact, tout comme l’impact énergétique, connaît une croissance annuelle de l’ordre de 10 %[6], à rapporter à la croissance économique mondiale qui elle, est d’à peine 4%[7] sur les dernières années.

Vu du petit côté de la lorgnette, le nôtre, une recherche Google produit environ 5 grammes de CO2 et consomme l’énergie nécessaire à faire bouillir une ½ tasse d’eau (soit 10 minutes de pédalage intense).

Pour une vidéo (de chats, ils sont si mignons) de 10 minutes, comptez quelques centaines de grammes de CO2, ce qu’émet une voiture qui parcoure 2 km. Sur ce point les évaluations divergent fortement, mais les valeurs annoncées sont défendables.

Pour ce qui est du recyclage, le sujet est moins documenté, mais difficile de ne pas prononcer ce mot. D’autant plus que les équipements numériques ont des durées de vie courtes par rapport à la plupart des biens de consommation.

Et qu’est-ce que je peux y faire ?

 

Tout d’abord et c’est bien notre objectif et la première étape de tout changement, en prendre conscience.

Prendre conscience également que la croissance du numérique est inéluctable (ne compte-t-on pas sur l’informatique pour optimiser notre consommation d’énergie et atteindre une société décarbonée en 2050 ?). Au-delà du paradoxe apparent, c’est une raison de plus pour maîtriser cette croissance.

Et en quoi mon mode de consommation peut-il avoir un impact ?

 

Le point le plus lourd est l’achat de matériel individuel privé et professionnel (et son renouvellement trop rapide) : smartphone, TV… Cela représente plus de 50 % de l’impact environnemental du secteur numérique. Bref, faites l’amour, pas les magasins…

Vient ensuite l’usage d’Internet avec notamment les vidéos (le streaming représente 60 % du trafic internet en quantité de données transportées avec en première position le porno… suivi par les chats !).
Mais tout ce que vous grappillerez (envoyer des mails avec moins de pièces jointes et uniquement aux personnes concernées, limiter le volume de données stockées sur le cloud, surfer utile…) est un petit pas dans la bonne direction.

Acceptons d’être en retard d’une ou deux « modes » et soyons pingre en matière de numérique, même si la ressource paraît gratuite et illimitée. Ce qu’elle n’est pas, nous espérons vous en avoir convaincus.
Et devenons tous ambassadeurs du « low-high tech », aussi bien pour notre consommation domestique que professionnelle pour éviter des lendemains qui déchantent !

Ou faut-il se battre pour un Internet payant, ce qui en limiterait l’usage, donc l’impact, et éviterait (peut-être) que nous ne soyons submergé.e.s de publicités ?

 

[1] Voir par exemple https://www.insee.fr/fr/statistiques/4238589?sommaire=4238635, Evaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective – Note de synthèse réalisée par l’ADEME et l’Arcep (19 janvier 2022), Empreinte environnementale du numérique mondial | GreenIT, https://www.hellocarbo.com/blog/calculer/impact-du-numerique-sur-l-environnement/,  https://theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/, L’Arcep se penche sur l’impact environnemental du numérique (lemonde.fr)

[2] Les chiffres évoqués dans cet article sont raisonnablement justes (issus d’un consensus, voir les références ci-dessus), mais ne doivent pas être pris « à la virgule près »

[3] Les routeurs et répéteurs servent à aiguiller et amplifier les signaux véhiculés et le rapide bilan ne prend pas en compte l’activité humaine nécessaire pour programmer et faire fonctionner ou maintenir l’ensemble

[4] Vous pouvez consulter Wikipédia ou l’Agence internationale de l’énergie (AIE)

[5] GES : Gaz à Effet de Serre

[6] Ce qui, en 20 ans, correspond à une multiplication par plus de 6 !

[7] Soit en 20 ans une multiplication par plus de 2 (quand même…)


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